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Ils sont partout !

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expo robots, crédit Cap sciences

Avant le premier automate-serveur, qui date de l’antiquité, il y eut tout simplement les silex taillés, prodiguant le feu. L’un comme l’autre étaient des robots, outils, machines, au même titre que le téléphone ou l’imprimante. Ce retour historique, qui permet une mise au point essentielle – les robots sont partout, sous toutes les formes, et depuis très longtemps – l’exposition « Robots » de Cap-Sciences nous le propose. On joue, on apprend, (on programme !) ; la diversité des supports pédagogiques et théoriques donne à vivre une expérience aussi ludique que nécessaire.

Si Isaac Asimov est cité d’entrée de jeu, ce n’est pas pour rien. L’auteur de science-fiction a contribué pour une grande part, grâce à ses œuvres, à la conception fantasmée que nous avons des robots. Des êtres mécaniques sur-intelligents, singeant l’homme sensible au point de pouvoir le remplacer. C’est sur ce point qu’entend appuyer Cap Sciences avec « Robots » : la ténacité de notre imaginaire et des fictions produites face aux applications et apparences réelles des robots, pourtant omniprésents et utilisés par tous (le smartphone en est un bel exemple). Le fantasme doit se confronter à la réalité, si l’on veut bien saisir les enjeux philosophiques et éthiques qui s’annoncent dans les prochaines années. Pour se faire, plusieurs méthodes déployées :

Le jeu, avec des modules comme Chronomania, qui vous défie de situer le film « Interstellar » ou les inventions capitales dans la robotique sur une frise interactive, qui se dessine sur une vaste table tactile. Bien pour apprendre, bien aussi pour vérifier ses connaissances. Dans un autre genre, vous pouvez vous lancer dans une partie de morpions géants avec un robot-adversaire plutôt expansif.

Certains robots sont là pour vous parler et vous escorter après vous avoir demandé de choisir un thème sur leur écran-pupitre.

crédit Cap Sciences

« Charles » nous a ainsi mené à l’autre bout de la salle, (non sans difficulté, le pauvre ne voulait écraser personne et la foule était dense), pour aller voir les robots domestiques.

Le cinéma, avec une mosaïque d’écrans projetant chacun un film traitant le thème tel « Wall-e », « Chappie » ou « Star Wars », puis au-dessus, des films muets qui permettent de comprendre que depuis un siècle, nous tournons autour d’une représentation commune. Un robot humanoïde aussi fascinant que menaçant pour notre société d’hommes, doués de raison mais avide de progrès.

Le côté spectaculaire du sujet est lui aussi exploité. Un animatronique, ici une bête obscure à la croisée du dinosaure et du kangourou, fait un mouvement de tête sous nos yeux surpris. Les animatroniques, nous explique-t-on, étaient très utilisés dans le cinéma, et encore aujourd’hui dans un but esthétique délibérément kitch. Derrière cette bête étrange se tient la star R2D2, que certains miment d’enlacer en souriant, pour faire le selfie geek par excellence.

C’est sous un casque de VR qu’on découvre plusieurs entreprises de la Nouvelle-Aquitaine qui utilisent des robots spécifiques à leurs secteurs. Qu’il s’agisse du vin ou du commerce en ligne, les robots permettent soit une minutie inhumaine pour trier le raisin, soit un effort physique dont l’ouvrier se passe volontiers. Dommage peut-être que ce support immersif et sensationnel ait été mis au services des marques partenaires de l’exposition. On s’attend à rêver un peu plus en l’enfourchant sur nos têtes…

À côté de l’équipement de VR, on peut observer des familles ou autres groupes de personnes en train de programmer ensemble des mini robots, de leur apprendre à se déplacer dans telle ou telle direction, initiant tout le monde à la notion de cobots (les robots collaboratifs).

crédit Cap Sciences

Clou du spectacle : le procès. Les visiteurs sont invités à assister au procès d’un robot, en huis-clôt, avec un juge humain mais des avocats et des accusés robots. Façon éduc-pop, le débat sur la responsabilité des robots envers les humains et/ou vice-versa, les lois édictées par Asimov dans ses livres, les questions que nous devrons nous poser demain, les situations domestiques auxquelles nous seront confrontés, c’est ce que propose de mettre en débat « Robots » à travers ce dernier module. Tout le monde participe, parents comme enfants, et le robot est jugé. Ce jour-là, il était coupable.

Nathalie Troquereau

Exposition « Robots », jusqu’au 3 mai 2020 à Cap Sciences

http://cap-sciences.net/au-programme/exposition/robots

Nathalie Troquereau

Nathalie Troquereau

Journaliste, rédactrice de contenus pour Médias-Cité.