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Cartographie en ligne : objectif – monde

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De la carte des pistes cyclables de France à la carte des panneaux publicitaires dans l’espace public, on trouve à peu près tout sur OpenStreetMap.org, la plus grande base de données cartographiques ouvertes au monde. Alimentée par des citoyens habitants ou voyageurs, des collectivités et des entreprises, son seul critère d’entrée, c’est l’envie de contribuer.

La carte est un objet de fascination et de savoir aux contours éminemment politiques. Sa discrète omniprésence se distille sur les écrans de nos GPS voiture ou piéton, sur les étals des offices de tourisme, mais aussi pour afficher des résultats électoraux, pour recenser les voies ferrées de France ou encore pour repérer les restos vegan du quartier… Si la carte est partout, c’est parce que sa fonction première est de renseigner un territoire en informant sur ce qui le compose, l’entoure et le structure. Contrairement aux idées reçues, l’action de cartographier est à la portée de tous. Chez OpenStreetMap du moins, c’est le postulat tacite : plus il y a de participants, mieux nous serons informés.

OpenStreetMap (OSM) a réuni en seize ans d’existence plus d’un million de contributeurs à travers la planète. Professionnels, autodidactes ou cartographes du dimanche, tous renseignent bénévolement les terres qu’ils parcourent, participant ainsi à la plus grande base de données cartographiques mondiale. C’est aussi la plus facile d’accès, puisqu’elle est ouverte à tous, téléchargeable gratuitement et exploitable par chacun, sous réserve de citer la source OSM.

« Plus les contributeurs sont nombreux, plus les données sont mises à jours et souvent vérifiées, donc fiables, explique Vincent Bergeot, co-président de l’association OpenStreetMap France. Tout le monde peut s’en servir pour des rendus très variés, poursuit-il. Par exemple, La Croix Rouge, MSF et d’autres, ont aidé à développer Missing Maps, une application qui s’appuie sur les données OSM et qui propose des cartes post-catastrophes. Les ONG qui se déplacent en Haïti – ou ailleurs – peuvent savoir si telle route a été détruite et savoir par où passer », argumente l’éminent contributeur.

Capture d’écran de la page d’accueil Missing Maps, qui s’appuie sur les données Openstreetmap

Outil citoyen s’il en est, la cartographie participative à l’échelle internationale pose parfois des questions philosophico-politiques. Comment mettre tout le monde d’accord sur la manière de nommer les objets, les villes, les pays ou les océans ? Et par quels critères objectifs peut-on les définir ? « C’est un questionnement constant, confie Vincent Bergeot. Comment appeler un océan qui a des frontières avec plein de pays ? Ce que vous nommez l’Océan Atlantique ici n’aura pas le même nom ailleurs…C’est compliqué, nous en discutons via des forums ou rencontres, pour essayer d’atteindre un consensus. Mais l’existence d’une cartographie ultime qui mettrait tout le monde d’accord restera, selon moi, un mythe. » D’ailleurs, Vincent nous apprend qu’à partir des données d’OSM, les Bretons, les Basques et les Catalans ont tirés des cartes de leurs régions dans leurs propres langues. Une manière de se réapproprier le territoire.

Capture écran d’openstreetmap.bzh, @OSM contributors

En tout cas, la nécessité de faire grandir la communauté OSM, d’impliquer chacun dans cette démarche de description du monde, semble s’être subitement imposée à l’Éducation Nationale. En septembre, Vincent et ses collègues de l’association découvrent que savoir contribuer à OSM est devenu une compétence obligatoire pour tous les élèves de Seconde, dans le cadre du programme de SNT (enseignement de Sciences Numériques et Technologie). « Non, nous n’avons pas été prévenus ! On est ravis parce que chaque année, 500 000 lycéens vont découvrir cet espace, et même si 1% contribue au final, c’est déjà énorme. En revanche, on a écrit un recueil de bonnes pratiques à l’usage des élèves et des enseignants, qu’ils puissent se former. Ce n’est pas un bac à sable, c’est sérieux » conclut-il, gentiment sarcastique.   

Nathalie Troquereau

*image de Une : openstreetmap contributors, capture d’écran issue du site http://openwhatevermap

Pour aller plus loin :

https://wiki.openstreetmap.org/wiki/FR:StreetComplete

https://wiki.openstreetmap.org/wiki/France/Support_Communication#D.C3.A9pliant_de_l.27asso_OSM-FR

https://openadvertmap.pavie.info/#15/45.7528/4.8323

Nathalie Troquereau

Nathalie Troquereau

Journaliste, rédactrice de contenus pour Médias-Cité.