Pour sa 16ème édition, la biennale Alios d’art contemporain de La Teste innove et proposera, du 12 au 25 octobre, une déambulation intitulée Love Data. Médias-Cité, par les mots alléché, alla trouver l’orchestrateur de cette foire pour le questionner.
Irwin Marchal, directeur de la galerie Silicone, au cœur du quartier Saint-Michel à Bordeaux, est le commissaire de l’exposition « Love Data » à La Teste.
Pourquoi choisir le thème du data et du numérique pour une biennale d’art à La Teste ?
I.M : C’est une idée de la mairie, qui voulait que cette édition de la biennale d’Alios tourne autour du numérique, de ses usages et de sa création. Il y a là une intention pédagogique sur les questions numériques, mais aussi un désir d’ouverture à l’art.
Aujourd’hui, beaucoup d’artistes considèrent Internet comme un medium et non comme une nouveauté. C’est quelque chose de totalement intégré dans leur processus de diffusion, mais aussi de construction de l’imaginaire. C’est très intégré à leur pratique artistique, comme à la vie de tous les jours.
Qu’est-ce que l’art numérique selon vous ?
I.M : C’est intégrer le langage de la programmation à la pratique artistique. Qui dit nouveau medium dit nouveau langage. La question de la programmation et l’utilisation des nouvelles technologies dans l’art, ça part des années 60. Les années 90, avec l’arrivée des ordinateurs et du réseau dans les foyers, ont vu naître le mouvement Net Art. Ces artistes produisent des pièces directement sur Internet. Puis le Net Art s’est transformé. Aujourd’hui, on parle de Post-Internet, incarné par les artistes nés dans les années 2000, les digital natives.
Les artistes exposés à Love Data sont issus de quel mouvement et comment les avez-vous sélectionnés ?
I.M : Nous avons des Net Art et des Post-Internet. La prospection pour repérer des talents représente une grande partie de mon travail de galeriste, et je la fais essentiellement sur Instagram. C’est devenu mon premier outil de prospection, en parallèle des sorties des Beaux-Arts etc. Ce qui me tient à cœur quand j’organise une exposition collective comme ici, c’est de me dire qu’il y a un milanais, un hongrois, une marseillaise, un grec, un bordelais…On s’entend tous bien, on travaille bien ensemble et c’est ça aussi l’Europe. Dans une époque où celle-ci est remise en question par certains, je trouve important que la culture fasse le job, comme on dit.
À quoi doivent s’attendre les visiteurs de Love Data ?
I.M : C’est un parcours dans la ville mais toutes les œuvres sont à moins de cent mètres les unes des autres. On peut y découvrir des sculptures, des peintures, des œuvres virtuelles, des collages, des films et vidéos de toute sorte…Une des œuvres vraiment étonnantes est celle de Philippe Parreno, qui a acheté un personnage 3D en 1999 à une société japonaise. Il fait suivre à Ann-Lee, son personnage, une psychothérapie où elle se questionne, parle de ses angoisses en tant qu’être fictionnel. C’est très amusant. Quant aux artistes post-Internet, ils montrent une pratique plus traditionnelle avec sculptures et peintures, car ils ont tellement intégré cette matière qu’ils sont capables d’en parler dans des formats plus classiques. Quatre œuvres seront présentées en extérieur, d’autres ont investi le théâtre Cravey… Love Data, c’est dire aux visiteurs que malgré le formalisme des machines, l’humain et son intention débordent toujours.
Propos recueillis par Nathalie Troquereau
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