Culture

Ola Radio, fréquence libre

3 minutes
La web radio Ola n’a pas deux ans et impose déjà une identité sonore marquée, une marque visuelle singulière, des podcasts originaux et même une ligne de vêtements upcyclés* 1. Une vraie usine du cool. L’équipe bordelaise responsable de ce petit succès s’affaire volontairement tous les jours. Rencontre avec la Reine de la fourmilière, Alice La Terreur.

« On n’est pas underground » précise Alice quand on lui demande de mettre Ola Radio dans une case. La tâche a l’air ardue et on la comprend un peu. La jeune web radio s’essaye à tout : 100 heures de musiques électroniques diffusées sur le site, entrecoupées d’émissions sur le cinéma (on parle de la musique des films de Wes Anderson par exemple), mais aussi des émissions sur des bouchers, des histoires racontées par d’étranges zozos, des mix d’artistes, des cartes blanches, des partenariats avec des web radios Marseillaises et Mexicaines… la grille de programmation est large. Si large qu’Alice finit par déclarer : « Généraliste ! Oui c’est ça, on est presque généralistes. Locale, Ola ? Pas vraiment. Pour ce qui concerne la mise en lumière des artistes bordelais, on est arrivé à du 50 /50 sur l’ensemble de la programmation. Quand ils viennent à nous (je dis « ils » parce qu’il y a très peu de femmes) on est ravis, mais je ne leur cours plus après. »

C’est à la fac de design qu’elle découvre la radio. Qui dit fac dit Radio Campus et Alice tombe dedans. Elle plaque le design pour le son et entame un service civique au sein de la radio étudiante locale. Une fois terminé, elle pense à rejoindre la capitale, mais son ami Rémi Rasquin lui lance «  Tu veux pas plutôt monter un truc ici ? Le lendemain, on trouvait le nom, se rappelle Alice, et six mois plus tard Ola Radio arrivait ». Aujourd’hui, Alice gère seule la direction de la radio alors que Rémi planche sur un projet voisin, tout en restant dans la partie comme dans les bureaux. À 25 ans, Alice dirige les quelques stagiaires et services civiques qui l’aident à alimenter le site et à faire fonctionner la machine. « Nous sommes tous bénévoles, mais le projet sur lequel Rémi travaille servira en partie à financer Ola, les deux activités seront complémentaires » nous apprend-elle.

5000 euros et des tutos

Hormis le modèle économique, plus précaire que sur les radios classiques, on pourrait croire qu’il existe peu ou pas de différences entre une web radio et une radio de fréquence hertzienne. On se tromperait. Ici, pas de contraintes de quotas, un abonnement à la SACEM annuel qui coûte seulement 80 euros, pas de dossier FSER* 2 à remplir ni de fiches à faire signer à chaque invité, un site web qui permet d’écouter la radio partout, sur tous les supports possibles, mais surtout, pas de comptes à rendre.

« On n’a pas la prétention de savoir poser nos voix comme des journalistes, on est des amateurs assumés. Avant de nous lancer, on a regardé plein de tutos pour savoir quel matériel acheter, quel était le meilleur logiciel pour streamer, euh pardon, pour diffuser des contenus en direct. On en a eut pour 5 000 euros de matos d’occasion (entre les platines, la table de mixage, les micros etc etc), qu’on a pu acheter en partie grâce à une campagne de crowdfounding* 3. Mais ce qu’il faut avant tout pour monter une web radio, c’est une équipe de gens vraiment passionnés ». Il en existe déjà une petite poignée à Bordeaux, mais le web promet un nombre de place illimité, alors pour les timides, plus d’hésitation, Alice vient de donner le mode d’emploi.

Nathalie Troquereau

* 1 vêtements de seconde main retravaillés.

* 2 Fonds de soutien à l’expression radiophonique locale

* 3 une campagne de financement participatif

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Nathalie Troquereau

Journaliste, rédactrice de contenus pour Médias-Cité.